La consanguinité, bien que courante dans notre histoire et toujours présente de nos jours, reste un tabou dans notre société et correspond dans notre imaginaire à une réprobation définitive et immuable. Elle est par exemple souvent identifiée à l’inceste*, notion à connotation négative forte aujourd’hui (relation sexuelle entre deux personnes parentes, recouvrant l’inceste consentant entre deux personnes majeures mais aussi le viol). Les conséquences médicales nocives mises en évidence par les études scientifiques masquent également la complexité de la consanguinité, comme fait social.
Or une exploration plus approfondie nous révèle que la consanguinité, au sens de « parenté par le sang de personnes ayant un ancêtre commun » (Larousse) n’a pas toujours été considérée négativement ou exclue ; sa perception sociale a varié selon les contextes historiques ou géographiques, tantôt conseillée et considérée comme un privilège ; tantôt interdite et même considérée comme impensable : les différentes époques et cultures ont adopté à son égard des points de vue différents.
Nous avons voulu dégager et comprendre les raisons pour lesquelles la consanguinité avait pu être acceptée, voire encouragée puis plus communément condamnée ou exclue.
Pour ce faire, nous avons été amenées à nous intéresser à la perception sociale de pratiques susceptibles de générer ou de favoriser la consanguinité, soit l’inceste, l’endogamie ou les mariages forcés.
Se dégagent au fil du temps à la fois le rôle social et économique joué par la consanguinité et l’évolution de la conception de la famille, plaçant notre étude dans le champ de deux disciplines : l’histoire d’une part et les sciences économiques et sociales d’autre part, et parmi celles-ci notamment l’anthropologie*.
Notre première partie consacrée à la consanguinité approuvée fera une part importante à l’exploration des contextes historiques et culturels ayant encouragé la consanguinité, car il nous a fallu partir à la recherche de ces situations, souvent méconnues ou oubliées. La consanguinité approuvée a, en outre, souvent été abordée par des sociologues ou anthropologues, à travers l’analyse de cultures ou de contextes spécifiques.
Dans notre seconde partie, nous procéderons en revanche directement à l’analyse des différentes facettes de la réprobation plus communément (ou presque) admise aujourd’hui de la consanguinité, en approfondissant chaque angle d’analyse (sociologique, religieux, scientifique, législatif).
Notre conclusion nous permettra de mettre en perspective cette évolution.
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